mercredi 6 mai 2015

Qu'est-ce qu'on fait ici?

J’ai une drôle de fixation sur comment les choses peuvent aisément basculer de la réalité à la fiction. Par exemple, pendant l’époque de publication de 52 (la série de DC de 2006 qui comportait un numéro par semaine pendant un mois) y’avait un clan qui souhaitaient la résurrection de SuperBoy après qu’il ait punché le source wall. Le symbole Kryptonien pour résurrection c’est le logo de Superman inversé. Comme ça :



Je m’étais donc mis à peindre ce logo partout dans les ruelles du plateau (où j’habitais à l’époque). J’ai aussi fait la même chose durant Sinestro Corps War avec le logo jaune dans Petite Patrie. Je faisait ça, comme plein d’autres choses conséquemment,  pour absolument aucune bonne raison sauf la volonté de faire du street art (HA!), de vivre une passe comicbook punk pis de rire un peu en manipulant des logos de superhéros comme si c’était des slogans politiques, d’explorer si on peut changer le comportement des gens avec une surimpression de superhéros dans la vie quotidienne. C’est, en gros, à quoi de pensait.

Mais, quelques années plus tard, quand je revu certaines peintures encore intactes sur les murs, j’ai

1-      senti un pincement de responsabilité vandale (genre, shit defacing property and shit)

et

2-      Woa, et si dans tout ce temps y’avait au moins une personne qui l’a vu et qui l’a catché mais parce qu’il le voit pour la première fois hors de pages d’un livre il reste avec la question planante de : «.Est-ce-que c’est un vrai mouvement? » « Qu’est-ce-qu’on demande? » et « Where do I sign up? » 
      
      ou

3-      J’imagine que quelqu’un dans la rue qui à aucune idée de ce qui se passe dans l’univers de DC voit le logo inversé sur le mur et se pose la question de ce que ça représente. Il reconnait sans doute les influences mais comprends pas pourquoi c’est inversé, ni pourquoi c’est affiché comme ça.

Une fraction de seconde dans la vie d’une personne et peu importe ce qui s’est passé, encore sans m’en rendre compte, je riais un peu dans le visage de la réalité et c’est, bien entendu, un petit effort, rien saillant mais toujours un peu plaisant de savoir qu’on peut jouer avec cette ligne-là. C’est le même sourire qui revient quand je vois des trucs comme ceci :


 (oui, j'ai écouté la vidéo tout au long de l'écriture de ce billet)

Où des gens qui commentent les vidéos Youtube de 24 hours of… comme si c’était des objets culturels fascinants (parce que ce l’est). 




                                          Mes préférés:


Des gens qui, le temps d’un commentaire, décident de suspendre volontairement leur incrédulité pas face à un film ou un spectacle, mais devant la vie que nous vivons, devant la réalité même.

Willing suspension of reality.

Aucun commentaire: